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La promesse initiale était claire : l’utilisation de la vidéosurveillance algorithmique était destinée à garantir le bon déroulement des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, et elle devait se limiter à une période d’expérimentation encadrée. Pourtant, à peine un mois après la fin des Jeux, le gouvernement envisage la généralisation de ce dispositif, qui promet de reconnaître des comportements anormaux ou des objets suspects en temps réel grâce à l’intelligence artificielle. Cette annonce est prématurée : l’expérimentation devait courir jusqu’au 21 mars 2025 et un rapport sur l’évaluation de la mise en œuvre de la vidéosurveillance algorithmique doit être rendu avant la fin de l’année.
Cette annonce, déjà évoquée encore plus en amont, n’est pas surprenante, et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce que le texte de l’article 10 de la loi du 19 mai 2023 assurait une « expérimentation » déjà généreuse, autorisant la mise en œuvre de la vidéosurveillance algorithmique afin d’assurer la sécurité des manifestations « sportives, récréatives ou culturelles (…) particulièrement exposées à des risques d’actes de terrorisme ou d’atteintes graves à la sécurité des personnes ». Cette formulation était très large.
Ensuite au regard de l’historique des « expérimentations » des dispositifs de surveillance. Le fichier des empreintes génétiques, instauré à la fin des années 1990 uniquement pour les auteurs de crimes sexuels, a été très largement étendu, comme l’a été le dispositif Parafe, qui se déploie progressivement dans les aéroports depuis quinze ans. L’expérimentation apparaît moins comme un véritable essai que comme une technique destinée à faciliter l’avènement de dispositifs toujours plus intrusifs.
Enfin et surtout, les arguments avancés en faveur de cette généralisation relèvent, comme il est désormais habituel en la matière, de l’illusion de la toute-puissance technologique, voire de la pensée magique. L’efficacité de ces dispositifs n’a jamais été démontrée, et vérifier qu’ils le sont se révèle particulièrement complexe, tant l’argument technologique semble fort.
L’absence de la survenance d’actes criminels ou terroristes est perçue comme un succès de ces outils, tandis que, dans le cas contraire, on invoque non pas le manque d’efficacité intrinsèque de ces dispositifs ou leur inutilité, mais leur insuffisance quantitative ou qualitative. Les seules études disponibles sur la vidéosurveillance « classique » ont pourtant montré leur inefficacité, tant sur le volet préventif que sur leur participation à la résolution d’enquêtes sur des faits avérés.
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